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Connaissez-vous le neuro-ordiquanteur ?

Qu’est-ce qu’un ordiquanteur ? Cherchez le mot dans le dictionnaire. Vous ne le trouverez pas. C’est normal. C’est un néologisme que j’ai forgé dans mon roman Datamanciens pour désigner l’ordinateur quantique. Beaucoup de mot servant à désigner des technologies actuelles sont issues de la science-fiction. Par exemple, le terme métaverse actuellement en vogue a été cité pour la première fois dans le roman de science-fiction Le Samouraï virtuel de Neal Stephenson. Qui sait ? Peut-être dans dix ans, l’histoire retiendra que c’est Komlavi Gog qui a inventé le terme servant à désigner l’ordinateur quantique. Je trouve ce terme adapté surtout qu’en anglais, ça donnerait quanputer.

Je suis même allé plus loin. Dans mon roman, j’ai inventé le neuro-ordiquanteur et j’en ai donné quelques aperçus. Mais pour ne pas faire de la hard science-fiction, j’ai dû m’arrêter à quelques descriptions sommaires. Dans la suite de cet article, je vais vous donner le fond de mon idée. D’abord, voici ce que j’ai écrit à propos du neuro-ordiquanteur dans Datamanciens :

Nous sommes partis du constat que c’est l’esprit humain qui a fabriqué l’ordiquanteur. Par conséquent, l’esprit humain dispose d’un potentiel plus élevé que celui de l’ordiquanteur. C’est un raisonnement élémentaire. Mais ce potentiel ne peut s’exprimer que si nous trouvons un moyen de le décupler d’où le réseau neuronal et le couplage aux ordiquanteurs pour former un neuro-ordiquanteur. Le grand public lui préfère le terme ordinateur spirito-quantique. Chaque neurone d’un des datamanciens que vous voyez est un mini-ordinateur dont la puissance est décuplée par l’association à l’ordiquanteur. Nous faisons ainsi travailler des milliards d’ordinateurs en parallèle. L’ensemble forme notre neuro-ordiquanteur le plus puissant. Il peut traiter jusqu’à dix-millions de qubits d’informations par seconde.

Petit rappel sur l’ordinateur quantique

Avant d’aller plus loin, je crois qu’un petit rappel sommaire à propos de l’ordinateur quantique s’impose. Comme son nom l’indique, un ordinateur quantique est avant tout un ordinateur, sauf que dans un ordinateur quantique, les calculs sont réalisés à l’échelle atomique. Comment ? En exploitant les étranges propriétés quantiques de la matière à l’échelle de l’infiniment petit. Alors qu’un ordinateur ordinaire réalise ses calculs avec des données binaires (0 ou 1), dans un ordiquanteur, les calculs sont effectués à partir de qubits (bit quantique). Par analogie au bit, le qubit représente ainsi l’unité élémentaire pour stocker l’information quantique et à l’étrange particularité de pouvoir posséder les valeurs 0 ou 1 ou une superposition quantique de  et 

Cette particularité, entre autres, fait qu’un ordiquanteur (en reprenant mon néologisme) est capable de résoudre en quelques minutes des problèmes qu’un ordinateur ordinaire serait incapable de résoudre. Pour cette raison, la principale application des ordiquanteurs est sans doute à trouver dans l’analyse combinatoire. En effet, parce qu’ils permettent d’explorer des milliards de possibilités simultanément, les ordiquanteurs réduisent considérablement les temps de calcul. Mais les domaines comme la bio-informatique ou la cryptographie sont aussi intéressées.

Découvrez le neuro-ordiquanteur

Maintenant, qu’en est-il du neuro-ordiquanteur ? Accrochez-vous ! Je vais vous faire faire un grand saut intellectuel. Dans mon roman Datamanciens, un neuro-ordiquanteur est une association de datamanciens (un datamancien étant un initié de la divination par les data) et d’un réseau d’ordiquanteurs de dernière génération. Cette association serait possible notamment grâce à la faculté que posséderait le cerveau de réaliser des calculs quantiques. Comme je l’ai décrit dans mon roman, l’association ordiquanteur – cerveau se ferait donc par une interface cerveau-machine capable de coupler le fonctionnement quantique du cerveau à un ordiquanteur pour former un neuro-ordiquanteur. Je suis fou n’est ce pas ! On m’a souvent dit ça. Mais n’empêche ! Allons y.

En associant un ordiquanteur et plusieurs cerveaux humains, un neuro-ordiquanteur serait une manière de faire travaller l’ensemble des neurones d’un groupe d’humains donné. On constituerait ainsi une sorte de vaste réseau de neurones extensible à l’échelle de l’humanité où chaque humain (dont le cerveau contient environ 86 milliards de neurones) du réseau sera considéré comme un nœud du réseau. Dans le neuro-ordiquanteur chaque cerveau devient un nœud-neurone qui fait transiter l’information ou le flux d’informations.

Mieux explorer la noosphère ?

Quelles seraient les applications d’un neuro-ordiquanteur, vous demandez-vous ? J’en vois plusieurs dans le futur. La première serait d’utiliser l’intelligence/intuition collective de l’humanité ou d’un groupe d’humains. Pour moi, les propriétés d’un ordiquanteur couplé à l’esprit humain pourraient permettre d’atteindre une plus grande partie de la noosphère (mot désignant l’ensemble-sphère de la pensée humaine), en explorant l’ensemble des circuits cognitifs en tout cas mieux que ne le ferait les humains actuels. Ne me demandez pas comment ? Par quelle technologie précise ? Je ne sais pas encore.

Mieux utiliser la cognition de l’humanité ?

Autre application possible : imaginez qu’une bataille ait lieu entre des extraterrestres et l’humanité quelque part sur Mars ! Un neuro ordiquanteur pourrait ainsi permettre à des armées du cyberespace de profiter de la cognition totale de l’humanité ou d’une plus grande partie de l’humanité.  L’ensemble des cerveaux de l’humanité serait utile sans embarquer ou mettre en danger l’humanité. Dans une moindre mesure, un neuro-ordiquanteur pourrait faciliter l’impression ou le téléchargement de connaissance de cerveau à cerveau sans implantanter des puces dans le cerveau comme le voudrait Elon Musk par exemple. On pourrait ainsi dans une démarche neuroergonomique améliorer la transmission du savoir ?

Anticiper le futur ?

Par ailleurs, le neuro-ordiquanteur pourrait être utile pour connaître avec précision la psychologie d’une foule, ses intuitions. C’est bien pour cela que dans mon roman, les datamanciens s’en servent pour augmenter leur faculté de prescience afin de mieux prédire le futur. Comme le dit Idriss Aberkane dans son essai Libérez votre cerveau :

Les nations comme les humains ont une vie mentale, une psychologie et des maladies de l’âme.

Je me demande si réunir l’ensemble des cerveaux par un neuro-ordiquanteur, ne permettrait-il pas d’avoir une sorte d’intuition collective ? Ou d’accéder à la conscience collective d’un groupe d’humains ? C’est ce à quoi je pensais quand j’écrivais :

Comme nous l’avions expliqué au Conseil Impérial, la conscience collective anticipe les événements à l’avance. Elle devient alors un outil stratégique avec lequel nous projetons le regard au loin afin de scruter les angles morts et les menaces silencieuses que ne peuvent observer les yeux d’humains.

Ce que je raconte semble ne pas avoir de sens, mais j’écris ce que mon cerveau d’écrivain de science-fiction me dit. D’une manière générale, je pense que le neuro-ordiquanteur permettrait d’accéder aux émotions, intuitions et sensations d’une foule. Au lieu de mesurer le PIB (qui ne sert pas à grand chose aux citoyens, disons le quand même au passage), on pourrait ainsi mesurer le BNB (Bonheur National Brut) comme je l’ai dit dans mon roman.

Une autre application serait la combinaison d’un neuro-ordiquanteur avec des systèmes de traitement de data exactement comme le font les datamanciens dans mon roman. A partir des likes des pages web, des images et des clips, les algorithmes de Facebook sont capables d’évaluer le profil psychologique des humaines. Pourquoi donc ne pourrait-on pas imaginer qu’un neuro-ordiquanteur dont le puissance de calcul serait faramineuse et qui pourrait avoir accès à la fois au datas personnels et aux pensées humaines ne pourrait pas extrapoler le futur de l’humanité. Un tel système pourrait connaître les individus sur le bout des doigts, connaître leurs pensées dominantes en temps réel afin de prédire le futur ? On sait que la police utilise déjà les datas et des Intelligences Artficielles pour essayer de prédir là où surviendraient des crimes. Un neuro-ordiquanteur qui aurait un accès permanent aux pensées des humaines pourrait-il grâce à l’Intelligence Artificielle prédire le futur ? Telle est au fond la question que je me pose en rédigeant cet article.

De la même manière qu’en analysant le génome, c’est-à-dire le code génétique, la science est capable de prédire si un individu est susceptible d’attraper certaines maladies. Un neuro-ordiquanteur qui aurait un accès instantané au datasome (l’ensemble des données que vous générez toute votre vie) de toute l’humanité, serait-il capable de prédire ce qui pourrait arriver à cette dernière ? Sachant que comme je l’ai dit dans cet article, nous devenons des Homo numericus, une espèce hyperconnectée en permanence dont tous les actes sont tracés, un neuro-ordiquanteur qui aurait accès à toute cette masse de données en permanence, ne pourrait-il pas prévoir le futur ? Et dans une perspective plus sombre, vouloir contrôler les humains comme je l’ai décrit dans mon livre ? C’est ce qu’Idriss Aberkane a sûrement voulu dire dans son essai Libérez votre cerveau, quand il écrit :

l’intersection de l’informatique intime, de la neuronique de masse et des algorithmes évolutionnaires pourrait permettre de traquer n’importe qui grâce à son neurodatasome.

Un tel neuro-ordiquanteur pourrait servir des projets de gouvernance mondial si cher à certains…

Komlavi GOG

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