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Georges Orwell : Comment Big Brother est devenu Nano Boy ?

Big Brother is watching you ! Qui ne connaît pas cette célèbre expression de Georges Orwell ? Dans son roman d’anticipation 1984, le célèbre auteur britannique décrivait ainsi un dispositif de surveillance généralisée de la population. Plus d’un demi-siècle plus tard, on constate que la prédiction d’Orwell s’est réalisée. Toutefois, au lieu d’avoir Big Brother, on a plutôt Nano Boy ou Little Girl. Comment ? C’est ce que nous allons voir dans cet article. Mais tout d’abord un rappel des prédictions d’Orwell s’impose.

Dans 1984, les citoyens sont surveillés en permanence par un dispositif constamment allumé appelé télécran et installé dans les maisons et dans l’espace public. Symbole d’une société de surveillance, c’est en quelque sorte une police de la pensée qui surveille le citoyen.

Aujourd’hui, on n’a pas un télécran qui nous surveille. On a mieux… On a des smartphones et des objets connectés qui recueillent nos données personnelles dans le silence absolu. C’est là la grande différence avec Big Brother. D’une surveillance physiquement visible par le symbole du télécran dont le citoyen connaît le rôle, nous sommes passés à une surveillance invisible atomisée dans des dédales de puces électroniques. Certes, la surveillance s’est rapetissée, mais elle est devenue redoutablement efficace en utilisant des outils que nous achetons avec notre argent et qui sont devenus nos amis. Big Brother n’est plus big. Il est devenu Nano Boy ou Little Girl...

La grande nouveauté de Nano Boy ou Little Girl, c’est que les données recueillies peuvent même être utilisées en temps réel pour vous surveiller ou vous manipuler à votre insu. Tout ce que vous faites sur Internet aujourd’hui laisse des traces qui valent de l’or pour l’industrie de la surveillance : données personnelles, localisation…

Par ailleurs, cette invisibilisation et ce rapetissement de la surveillance font que désormais, on peut même surveiller le corps. Prenez par exemple le mouvement Quantified Self. Les adeptes de ce mouvement bardent leurs corps d’objets connectés dans le but de mieux connaître leurs corps, leurs habitudes et leurs données biologiques. Le but ultime, c’est la mesure de soi pour prendre de meilleures décisions. Imaginez un instant que ces données soient récupérées par une autre personne. Quoi de mieux pour un système de surveillance que l’individu se surveille lui-même jusque dans son intimité et lui offre les données récoltées sur un plateau d’argent. Considérez par exemple ceci. Il existe déjà des montres connectées qui de temps à autre vous signalent que vous êtes immobiles depuis trop longtemps et que vous feriez mieux de vous bouger les fesses. Je vous laisse imaginer toutes les implications…Comme disait Baltasar Gracian

L’homme qui a compris un autre est en état de le dominer

Ainsi, de manière générale, il n’y a pas comme dans 1984 un télécran qui surveille, mais des myriades de petits dispositifs qui nous surveillent. En d’autres termes, on est passé de Big brother à Little Boy et à sa jumelle Nano Girl. Qui sont ces Little Boys et ces Nano Girls ? Tous les dispositifs qui vous surveillent et pompent en toute innocence vos données personnelles, bref tous les objets connectés comme les smartphones, les Smart TV, les montres connectées. Tout ceci ne fait que préparer l’avènement conscient ou non de la datacratie et de l’Homo numericus que j’ai déjà expliqués dans des articles précédents.

Si on se situe dans le temps long, on remarquera que les dispositifs de surveillance se rapprochent du corps de l’Homme et vont bientôt traverser sa peau. Orwell n’aurait pas imaginé mieux. On passera ainsi de Big Brother is watching you à Big brother is inside you. La classe. En attendant d’en arriver là, nous sommes à l’étape de Little boy and Nano Girl are analyzing you !

Komlavi GOG

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